Apprendre, ou mémoriser, c’est modifier les structures cérébrales pour y inclure les nouveaux apprentissages. L’apprentissage passe aussi par le désapprentissage de ce que l’on sait et la mise en lien du nouveau avec l’ancien. C’est ce qui peut rendre la tâche plus complexe, si l’on n’applique pas une méthode de mémorisation efficace.
En effet, de nombreuses recherches scientifiques portant sur le fonctionnement cérébral effectuées au cours de ces dernières décennies nous permettent de mieux comprendre les mécanismes d’apprentissage.
Steve Masson, grâce à ses études, a pu mettre en évidence sept principes permettant à chaque individu, en les appliquant, de mémoriser efficacement.
Ces principes sont universels et peuvent être appliqués à tout type d’apprentissage par tout type d’apprenant, de l’environnement familial de jeunes enfants à l’environnement de travail d’adultes.
Aussi bien accessibles aux étudiants, qu’aux parents, qu’aux enseignants ou qu’aux formateurs voulant apprendre, ces principes s’appuient sur des données scientifiques avérées, publiées dans des revues de neurosciences, d’éducation et de psychologie.
Se faire coacher par un spécialiste en méthodologie de l’apprentissage s’avère être d’une grande aide pour la prise en main des différents outils de mémorisation. Permettant un gain de temps considérable et un ciblage des besoins grâce à l’analyse des difficultés rencontrées ainsi que des points forts sur lesquels il est indispensable de prendre appui.
Mémoriser : Activer les neurones relatifs à l’apprentissage visé
Cela peut sembler évident mais ce sur quoi nous voulons insister en parlant de neurones liés à l’apprentissage visé c’est l’importance de créer des connexions, uniquement pour l’apprentissage visé.
En effet, penser à autre chose par exemple, ou ne pas se concentrer sur l’apprentissage en question va court-circuiter l’apprentissage et ne va pas permettre la création d’une base solide. Dans ce cas, le cerveau va certes s’activer mais sans activer les bons neurones à connecter pour apprendre.
Des idées ou des stratégies non pertinentes à l’apprentissage recherché empêchent également l’activation des bons neurones même si elles sont spontanées. Elles activent des réseaux de neurones inutiles et parfois contre-productifs à l’apprentissage en empêchant l’activation des neurones liés à une stratégie plus efficace.
Il est donc primordial de consacrer un investissent particulier à cette première étape qui constitue la base de la mémorisation, tous les autres principes découlant de ce premier.
En outre, pour créer de nouvelles connexions neuronales, il est indispensable d’adopter une posture active. Bien que cela puisse sembler compliqué dans certains contextes, des astuces existent. Lors d’un cours magistral par exemple, il est possible de préparer son cours en amont, pour suivre plus aisément les explications. Quant à la lecture de textes, s’arrêter fréquemment pour prendre du recul peut s’avérer extrêmement efficace.
Selon le chercheur D.O. Hebb, la pensée et le comportement dépendent de l’interconnexion des neurones. Les neurones qui s’activent ensemble se connectent ensemble. A force de connecter les mêmes neurones par l’activité cérébrale, on active un cycle de renforcement. A noter, cette activité ne dépend pas du mouvement du corps, on peut activer le cerveau sans avoir besoin de bouger.
Le modèle de Hebb parle aussi de la synchronicité de l’activation des neurones. En activant simultanément des réseaux neuronaux, les interconnexions sont renforcées et construisent des liens entre plusieurs éléments. On peut ainsi activer à la fois connaissances antérieures et nouveaux contenus à acquérir pour créer un lien entre eux. Etablir des liens augmente la probabilité de réactiver à nouveaux les mêmes réseaux ensemble et est donc bénéfique à l’apprentissage.
Attention cependant, le contexte d’apprentissage peut être néfaste au transfert d’apprentissage et à la réactivation des connaissances lors d’un changement d’environnement, en particulier si l’on apprend toujours dans le même contexte (position, pièce, éclairage, etc.). Il est plus facile de réactiver les connaissances dans un contexte similaire à celui de leur apprentissage.
Il faut planifier du temps pour apprendre mais aussi pour transférer et décontextualiser les apprentissages petit à petit en variant contextes et types d’exercices.
Mémoriser : Activer les neurones visés à plusieurs reprises
Malheureusement, créer de nouvelles connexions neuronales n’est pas suffisant pour mémoriser durablement une notion. Pour apprendre, il faut activer les neurones à plusieurs reprises.
Pourquoi ? Parce que les connexions entre les neurones sont renforcées par l’activation neuronale répétée. Cette répétition d’activations neuronales ciblées diminue l’activité du cortex préfrontal ce qui évite une surcharge de l’activité du cerveau. Ainsi déchargé, il traitera plus facilement et plus efficacement les informations.
Pour imager cette idée on peut la comparer aux sentiers dans la campagne. La première fois que l’on traverse un champ, le passage est difficile et pénible. Si l’on repasse par le même chemin, le passage est déjà moins compliqué à emprunter. Et si l’on emprunte le chemin de nombreuses fois, on créé alors un sentier praticable. L’herbe y met d’ailleurs beaucoup plus de temps à repousser !
Les connexions neuronales sont comparables aux sentiers dans la nature. Plus l’on activera les connexions, et plus on les renforcera pour, à terme, ne plus les voir disparaître. C’est le principe du surapprentissage qui représente un aspect non négligeable dans la mémorisation.
La loi de l’exercice par E. Thorndike établit qu’une connexion entre une réponse et une situation dépend de trois facteurs : le nombre de répétitions, la vigueur et l’intensité de la connexion entre réponse et situation, et la durée cette connexion.
Les tâches complexes ne peuvent être maîtrisées que par la consolidation et l’automatisation d’un apprentissage qu’apporte l’activation répétée. La répétition dans l’apprentissage n’a de sens que si elle réactive les neurones visés.
Pour éviter l’oubli qui est un mécanisme cérébral naturel, la meilleure stratégie est de renforcer les connexions neuronales entre les neurones correspondant à l’apprentissage ciblé et ce grâce à l’activation répétée.
Pour mémoriser durablement un enseignement, il faut mettre en application le principe d’activation neurone répétée grâce à différentes stratégies :
– Planifier plusieurs moments d’activation
– Eviter l’entraînement prolongé
– Réaliser un surrapprentissage
– Eviter la répétition d’une erreur
Mémoriser : Activer les neurones visés à plusieurs reprise et judicieusement
On a tendance à penser qu’activer les neurones de nombreuses fois est suffisant pour mémoriser, et activer alors les connexions neuronales tellement fréquemment que le cerveau n’a plu aucun effort de mémorisation à effectuer.
Or, procéder ainsi risque de nous faire basculer dans une remémoration passive, qui elle, est très dommageable pour la fixation de l’apprentissage.
En effet, restituer automatiquement les apprentissages, sans avoir à effectuer aucun effort nous amène petit à petit à restituer les données en pensant à autre chose, au risque d’y incorporer des erreurs mais surtout au prix d’un affaiblissement des connexions, au profit des pensées parasites.
Rappelons-nous de ce que nous dit le modèle de Hebb en insistant sur la nécessité de synchronicité de l’activation des neurones. On comprend alors mieux l’importance d’activer les neurones de manière assez espacée pour ne pas créer une habituation de la restitution, entraînant une certaine passivité dans l’activité et de ce fait, un affaiblissement des connexions neuronales du fait de la surcharge du cerveau par des neurones parasites à l’apprentissage recherché.
De la même manière, travailler fort et longtemps entraîne un certain épuisement du cerveau qui aura tendance à se désinvestir de la tâche de restitution, d’où l’intérêt d’espacer les activations neuronales de manière intelligente pour ne pas « travailler pour rien ».
La durée d’espacement optimale n’est pas absolue mais de façon générale, plus on veut se souvenir longtemps d’une information, plus la durée de l’espacement doit être longue. L’effet d’espacement est considéré comme l’un des plus grands apports de la psychologie cognitive à l’éducation,
Comme ordre de grandeur, pour des périodes de rétention de 7 à 35 jours, l’espacement optimal se situe entre 20 et 45% de la durée, soit une étude tous les 3 à 6 jours.
Mémoriser : Entraîner le récupération en mémoire
La récupération en mémoire ou retrieval practice est l’effort de se souvenir d’une connaissance plusieurs fois. Les entraînements de récupération mettent en application l’activation neuronale répétée de façon très efficace grâce à une meilleure activation des deux régions cérébrales associées à la conservation de l’information et donc, améliorent fortement l’apprentissage.
Etant une approche active, la récupération en mémoire permet de renforcer les connexions entre les neurones et ainsi de mémoriser durablement les connaissances.
Cependant, il est important de prendre le temps de se remémorer les connaissances. Prendre le temps de retrouver la réponse est indispensable pour apprendre. Plus le processus de récupération en mémoire est difficile, plus la trace dans les réseaux de neurones est importante. Il faut laisser le temps de récupérer, dans un environnement favorable (en évitant de parler ou en formant toute sorte de distraction). Une étude démontre d’ailleurs que laisser 3 secondes ou plus pour donner une réponse a un effet positif sur la capacité de rappel mais aussi sur la complexité et la qualité de cette réponse.
Pour entraîner la récupération en mémoire, il est possible de se poser des questions. Ainsi, on peut se préparer des fiches de révision avec d’un coté les questions, de l’autre les réponses. Cette technique est tout aussi bien applicable dans son quotidien, avec les enfants notamment, à qui l’on peut demander ce qu’ils doivent effectuer comme tâches routinères plutôt que de leur indiquer ce qu’ils doivent faire. Se sentant beaucoup plus impliqués, ils rechignent généralement moins à les effectuer.
Des tests fréquents de récupération en mémoire sont nécessaires. Ils ne doivent pas être vécus comme vecteurs de stress du fait d’un potentiel oubli des connaissances mais bel et comme un moyen de remédier à cet oubli. Car comment y remédier si l’on en n’a pas connaissance ?
Mémoriser : S’approprier les connaissances
En éducation, l’on s’entend sur l’idée que l’on sait lorsque l’on est capable d’expliquer ce que l’on sait. On comprend donc qu’expliquer ce que l’on sait est un processus d’appropriation des connaissances.
Mais s’approprier les connaissances ne consiste alors plus à expliquer ce que l’on a mémoriser, exactement de la même manière que ce que nous a enseigné notre professeur, mais bel et bien à élaborer soi-même des explications.
Elaborer des explications consolide les connexions neuronales en appliquant l’activation neuronale et l’activation en mémoire. Les différents réseaux neuronaux sont activés de façon synchronisée par réaction en chaîne pour mettre en lien des notions et les connaissances nouvelles et antérieures. La compréhension, et donc la mise en lien des connaissances, facilite l’encodage en mémoire, qui lui facilite la future récupération en mémoire qui facilitera la compréhension… Cela crée un cercle vertueux qui prouve que compréhension et mémorisation peuvent être associés.
Le cortex ventrolatéral, le cortex dorsolatéral et le cortex frontal inférieur, qui sont trois régions du cortex préfrontal, sont impliqués dans la mémoire de travail. Ces régions sont activées lorsque l’on se pose des questions à soi-même et que l’on élabore des explications. D’après des études, plus ces régions sont activées, meilleure est la compréhension.
Pour stimuler l’appropriation des connaissances, il ne faut pas hésiter à les mettre en lien avec les connaissances antérieures, pour donner du sens et renforcer les connexions. De plus, plus les connaissances antérieures dont élevées et plus les explications sont riches et détaillées.
Pour rendre moins rébarbatif cet exercice, il est possible de faire participer un tiers, de manière à avoir une interaction et confirmer ou infirmer la clarté des explications. Une personne extérieure nous permettra néanmoins d’approfondir davantage les différents points et de soulever d’éventuels manques.
Mémoriser : Rétroaction
Ce que nous entendons par rétroaction est la vérification de la véracité des connaissances mémorisées.
Etant donné que la phase d’apprentissage passe par une phase de désapprentissage ou tout du moins par une phase de réajustement des apprentissages, il ne faut pas négliger cette étape, au risque de se voir mémoriser des éléments erronés.
La rétroaction est l’un des facteurs les plus influents sur l’apprentissage et est plus efficace lorsque axée sur la tâche plutôt que sans lien direct (récompenses et punitions). Le moment de la rétroaction est également important. Une rétroaction immédiate est la plus efficace pour éviter le renforcement neuronal lié à une erreur. On utilisera la rétroaction différée à condition que la complexité et le risque d’erreur de la tâche soient suffisants.
Dire si la réponse fournie est correcte ou non et pourquoi est plus efficace que de fournir la réponse correcte ou simplement dire si elle est correcte.
La rétroaction négative active la correction d’erreur en modifiant les connexions cérébrales pour résoudre si besoin le conflit entre la prédiction et le résultat observé. La rétroaction positive active les mécanismes de renforcement neuronaux par récompense, liés aux prédictions justes et suscite de la motivation. Une rétroaction pouvant avoir l’effet inverse sur l’autre, il faut trouver le bon équilibre entre les deux.
Les activités d’apprentissage doivent être ni trop faciles ou difficiles, ni trop réussies ou échouées et les attentes élevées mais réalistes. Cet équilibre se fera selon l’âge des apprenants car le cerveau des enfants et adultes n’est pas le même, en particulier pour la correction d’erreur. Chez un adulte, il faudra lui présenter la rétroaction négative comme un outil d’apprentissage sans impacter négativement sa motivation en remettant en question ses capacités. Chez un enfant, on valorisera beaucoup les bons comportements et ne pas accorder trop d’attention aux comportements inappropriés. Chez les adolescents, l’équilibre devra être réel car sensible également aux deux rétroactions.
Mémoriser : Cultiver son concept de soi de réussite
De nombreuses études en psychologie ont démontré l’importance d’un concept de soi de réussite dans la réussite scolaire. On comprend donc l’importance de la cultiver !
Ce sont les différentes expériences vécues qui vont façonner positivement ou négativement son concept de soi. Cela relève alors d’un long processus, qu’il est possible de redorer lorsqu’un concept de soi d’échec s’est instaurer, ou d’entretenir lorsque le concept de soi de réussite est présent.
Entretenir un concept de soi de réussite est permis en cultivant un esprit dynamique. Lorsqu’on a un état d’esprit dynamique, on prédit que les efforts et l’énergie nécessaires à un apprentissage aboutiront effectivement à l’amélioration de nos compétences et de nos capacités.
Des études prouvent que l’on peut influencer la réussite scolaire par une intervention ciblée développant un état d’esprit dynamique, en particulier pour aider de façon significative les élèves faisant face au plus de difficultés, ou pour les matières associées à un état d’esprit fixe ou des capacités innées, comme les mathématiques.
Conclusion
Mémoriser efficacement relève de nombreux principes et il n’est pas toujours aisé de savoir ce sur quoi se concentrer en premier lieu pour mettre en place des automatismes dans les mécanismes d’apprentissage.
L’odiep, en proposant du coaching en méthodologie, se met à votre service pour mettre en place les stratégies pour mémoriser durablement vos apprentissages.