La dernière enquête d’opinion annuelle, commandée par le ministère de l’enseignement supérieur et réalisée par l’institut de sondages Ipsos, fait ainsi état d’une angoisse croissante et d’une érosion du sentiment de clarté, de fiabilité, de transparence, de justice, de rapidité.
Nous comprenons bien ce chiffre très parlant de 83 % de jeunes se disant stressés par la plateforme. Parcoursup ne leur inspire toujours pas confiance, cinq ans après sa mise en place.
Il y a trois obstacles principaux à sa bonne acceptation.
1/ D’abord, les lacunes et l’hétérogénéité de l’information délivrée. Malgré l’augmentation des données disponibles sur la plate-forme, il manque encore des éléments importants pour éclairer entièrement le choix d’orientation des lycéens sur chaque formation : par exemple, le taux de réussite des candidats qui y sont admis – que pourrait illustrer le taux des étudiants ayant par la suite accédé à un master – et les débouchés professionnels qu’elle offre.
S’ajoute à cela une hétérogénéité de la qualité de l’information selon les formations. En dépit des instructions nationales données par le ministère, la présentation des formations est en effet loin d’être homogène, certaines réalisant plus d’efforts que d’autres pour rendre leurs informations réellement compréhensibles et exploitables par les candidats.
2/ Ensuite, la longueur de la procédure. Même si, en 2022, 88 % des néo-bacheliers admis ont reçu la proposition qu’ils ont finalement acceptée en moins d’un mois, plus de 17 000 – soit 4 % – ont attendu deux mois la proposition qu’ils ont finalement approuvée. Et cette attente est nettement supérieure pour les bacheliers technologiques et surtout professionnels, alors qu’ils ont souvent besoin de connaître plus tôt leur affectation pour des raisons financières. Ces délais génèrent une anxiété supplémentaire à celle déjà suscitée par le choix de son orientation dans l’enseignement supérieur.
3/ Enfin et surtout, le caractère encore trop opaque des modalités de classement utilisées par les commissions d’examen des voeux. Celles-ci étant à la discrétion de chaque formation, elles donnent lieu à des pratiques très diverses : emploi ou non d’une formule mathématique de pré classement, prise en compte ou non du lycée d’origine… Ce manque de transparence – notamment en comparaison de certaines pratiques étrangères (Allemagne, pays scandinaves) -, couplée à une grande hétérogénéité des méthodes de classement, suscite toujours une forte suspicion et ne permet pas aux candidats de bien estimer leurs chances d’admission. Or il est évident que, sans confiance des jeunes et de leurs familles dans la façon dont les dossiers sont examinés et classés, le système ne peut susciter adhésion
Nous remarquons après avoir échangé avec les représentants de plusieurs catégories
d’établissements d’enseignement supérieur (universités, lycées à CPGE, écoles de commerce et d’ingénieur, Sciences Po Paris, Ifsi…), que l’effort de transparence sur les pondérations que les commissions d’examen des voeux utilisent, avec ou sans traitement algorithmique, est très variable d’un établissement à l’autre :
– dans les universités, l’existence d’un algorithme de pré-classement, non rendu public, est quasi systématique au vu du nombre très important de candidatures ;
– dans les lycées à CPGE, le traitement humain est prépondérant, avec un spectre de critères plus large à mesure que la sélectivité de l’établissement augmente, et dont la pondération quantitative reste parfois vague ;
– dans les écoles d’ingénieur partenaires du groupe Institut national des sciences appliquées (Insa), il est fait recours au même algorithme « maison » de pré-classement, pour lequel n’est indiquée que la pondération des trois grandes masses le composant ;
– à Sciences Po Paris, à l’inverse, aucune formule mathématique de pré-sélection n’est utilisée.
Un rapide focus intéressant sur le lycée d’origine comme paramètre de classement.
Selon la Cour des comptes, jusqu’à 20 % des filières non sélectives les plus en tension ont eu recours à ce paramètre en 2019.
Conclusion de ODIEP : Il faut absolument approfondir la transparence des critères d’examen des vœux.